CAHIER N°63

L’accompagnement en périnatalité

Une opportunité à ne pas manquer

Ce cahier proposé à votre lecture et réflexion est le compte-rendu d’une journée d’études, organisée par l’AFIREM le 9 octobre 2015 à la Mairie de Paris, dont l’objet était de faire le point sur l’accompagnement périnatal dans une démarche de prévention des risques de maltraitance envers les enfants.

Si l’effraction de mauvais traitements dans la vie d’un enfant constitue une atteinte à son développement physique, psychique et cognitif, la solidité des liens précoces est un gage d’une meilleure harmonie de son développement ultérieur.

La grossesse et la naissance sont des périodes sensibles entraînant des remaniements psychiques. On peut parler de « crise maturative » tant pour la mère que pour le père. Les éprouvés ambivalents, joie et angoisse de mort pour soi et le bébé, existent à chaque grossesse. Ces éléments sont largement développés dans l’article de Catherine DUPUIS-GAUTHIER intitulé « la haine dans la relation d’objet précoce ».

Des travaux ont permis d’identifier à ces périodes des facteurs de risque de dysfonctionnements de la relation, voire de maltraitance. Martine LAMOUR, dans son article fondamental traitant des besoins des tout petits bébés et de leurs souffrances, vient attirer notre attention sur la clinique de l’observation de « l’anodin du quotidien », cher à Michel LEMAY et la qualité de l’accompagnement qui en découle.

Comment les différents acteurs de terrain se sont-ils approprié ces éléments aujourd’hui ? Comment est entendue la souffrance psychique des parents et des bébés ? Quels regards sont posés sur ces familles vulnérables pour soutenir leurs compétences sans stigmatisation ni prédiction ? Comment sont utilisées et mises en œuvre les compétences multiples des réseaux et des différents professionnels des champs médicaux, psychologiques et sociaux ? Les expériences étrangères peuvent-elles nous conduire à des modèles innovants dans nos pratiques ?

Toutes ces questions, que nous nous étions posées dans la préparation de cette journée d’études, viennent trouver une illustration dans les différents articles que vous allez lire : que ce soit l’expérience de Panjo avec Annick LE NESTOUR et son équipe versus la place de la PMI vue par Marie-Christine COLOMBO, l’approche pragmatique d’une travailleuse d’intervention sociale et familiale à domicile racontée par Arlette VAMBRE-MAILLARD ou celle d’une sage–femme de PMI, Hélène MANGIN décrivant bien cette ambivalence à laquelle les professionnel(le)s sont soumis quand il s’agit d’évaluer une situation de danger, tout en gardant le lien de confiance.

L’éclairage de nos cousins québécois, dans une perspective écosystémique de la vulnérabilité des enfants et des parents lors de la période périnatale, vient nous plonger dans la concrétude des situations familiales, tout en nous proposant une manière de créer un environnement favorable au pouvoir d’agir des familles elles-mêmes. Carl Lacharité nous invite à faire village autour de l’enfant à naître, puis du nouveau-né et ses parents.

Jacques SARFATY rompu à l’exercice délicat de la cure psychanalytique, explique comment, « dans le cadre d’hospitalisation en unités mère-bébé, il doit aussi, dans le cas précis, retraduire à l’enfant, et pour lui, ce qui prend sens au cours de ces séances : il faut, en ce qui le concerne, passer du « il » (le bébé fantasmatique de la mère et/ ou du père c’est aussi important) au « tu » (ce bébé réel sur qui sont projetés ces fantasmes et auquel on s’adresse directement) ».

Vous comprendrez alors tout le sens que prend la recherche-action menée par l’AFIREM à la demande du ministère des familles, de l’enfance et du droit des femmes, au cours de l’année 2015, concernant l’usage de l’entretien prénatal précoce et rapportée par Samuel BERTRAND.

Pour le comité de direction, Jeanne MEYER