CAHIER N°67

VIE AFFECTIVE ET SEXUELLE DES JEUNES, VIOLENCES SEXUELLES

Brouilles et embrouilles

Désir et consentement, pornographie, harcèlement… Les adultes, parents, professionnels peuvent être parfois décalés, perdus, pour penser la sexualité des enfants et comprendre son expression qui évolue dans un contexte sociétal complexe. L’irruption de la pornographie et certaines utilisations des réseaux sociaux chez les jeunes vient accroitre ce malaise sans pour autant que les bases du développement de la sexualité n’en soient modifiées.
Des tensions, des crispations se font jour, en effet, actuellement entre une société hyper sexualisée et une inflation puritaine et sécuritaire. Le bain d’images, de slogans qui inondent panneaux, écrans évoquent la sexualité comme une marchandise accessible à tous. En parallèle, une censure se fait jour puissamment qui ne fait plus référence à la morale traditionnelle, mais semble guidée par la peur de la répression pénale et /ou sociale.
Les abus sexuels existent certes, les comportements sexistes sont inacceptables. Mais les repères de sexualité, pornographie, jeux sexuels, harcèlement, sexualisation, intimité, pudeur, se brouillent et s’embrouillent sur le terrain. Chacun aborde alors la question avec ses projections d’adultes, et des stéréotypes sociaux, ethniques, religieux. La sexualité des jeunes a toujours fait peur, toute émergence aujourd’hui risque de devenir abus, perversion, psychopathologie. Les filles sont assignées à une place de victime et doivent répondre aux messages de séduire mais se méfier, les garçons à une place d’agresseurs. L’éducation affective relationnelle et sexuelle proposée dans les programmes de l’Education Nationale interroge la responsabilité institutionnelle au sens large et celle des professionnels au niveau individuel. Parfois les réponses par des impressions non élaborées, des protocoles ou des procédures ont des effets délétères. Le 9 octobre 2019, France 2 et France Inter conjuguaient leurs efforts durant toute une journée à propos de l’impact de l’exposition des enfants aux violences familiales, à la pornographie, et rappelaient dans les débats combien nous ne devions pas céder à la banalisation, à la dramatisation…